Montréal, le 29 mars 2012
Madame Liette Yergeau
Chère collègue,
J’ai été consterné de lire votre lettre de suspension, et indigné de la façon dont la direction a traité une personne de votre qualité, et les mesures prises contre vous me semblent injustes et relever du musèlement. Les propos tenus à votre endroit m’apparaissent à des lieues de refléter une quelconque réalité à votre sujet. Je m’interroge aussi sur le respect de vos droits fondamentaux.
Je comprends en vous lisant que vous avez comme priorité les intérêts et le bien-être des élèves. De nos artistes. De nos « clients », en langage de gestionnaire. Ce mérite n’est malheureusement pas relevé dans votre lettre de suspension. D’autre part, il me semble que l’action qui vous a été reprochée est précisément celle que les universités demandent à leurs professeurs en ce moment. Les différentes facultés consultent leurs corps professoraux afin de les aider à trouver des scénarios pour ne pas pénaliser les étudiants en grève au moment de leur retour en classe et je trouve curieux que le Conservatoire n’en fasse pas autant.
Je suis néanmoins heureux de constater que vous avez beaucoup d’appuis. Non seulement de nos élèves et anciens élèves, mais également des professeurs d’autres institutions de même que du public en général.
Votre humanité et votre honnêteté intellectuelle vous honorent, et font rayonner notre belle institution.
J’espère de tout cœur que vous n’êtes pas blessée personnellement par des allégations que toute personne à l’esprit avisé ne saurait reconnaître. Je vous souhaite un retour en classe des plus agréable, et espère avoir la chance d’encore mieux vous connaître.
Jean-François Normand
Professeur de clarinette et membre du comité exécutif du Syndicat des Professeurs du Conservatoire de Musique de Montréal
Université de Montréal (chargé de cours)
Académie de Musique du Domaine Forget
CMM EN GRÈVE 